Eglise et Paix - Lettre de Nouvelles de Church and
Peace
Printemps 2003
La guerre n’aura pas le dernier mot
L’heure est au
deuil. Une fois de plus, et de manière spectaculaire, nous assistons
à ce que des gouvernants, malgré tant d’efforts diplomatiques et
d’opposition à tous les niveaux, ont osé présenter comme une guerre
juste et nécessaire. Le langage religieux n’y change rien : loin d’éradiquer le
mal, cette nouvelle guerre en provoque bien au contraire le déferlement. Nous
assistons littéralement à un déchaînement de puissances
destructrices. Les victimes immédiates
sont des milliers d’êtres humains, et parmi eux, les plus fragiles. A
moyen et long terme, les conséquences de cette entreprise sont incalculables.
L’heure est au
deuil, mais non au découragement. Un des effets inattendus de cette nouvelle
catastrophe a été et demeure un immense élan de protestation dans le monde
entier, en particulier dans les Eglises. Jamais dans l’histoire de l’Eglise les
chrétiens n’ont été aussi unanimes pour condamner une guerre. Cet élan
formidable doit aider toute personne de conscience et de foi à ne pas
céder au découragement et à voir les événements dans une perspective
nouvelle. « Si terrible soit cette guerre, elle n’aura pas le dernier mot. (...)
Nous vivons un temps de doute et de danger, mais aussi un temps d’espérance, un
moment de vérité » nous écrivait récem-ment Hansulrich Gerber, ancien membre du
Conseil d‘Administration de Church and Peace. Transformer l’élan spontané de
protestation en un véritable mouvement au service de la paix, voilà la
tâche qui attend notre monde, et en particulier les Eglises et les chrétiens,
de sorte que le « non » à la guerre devienne un « oui » à une
paix juste.
Le temps est
à l’action : Au fil des semaines, notre association a tenté d’informer
par courrier éléctronique au sujet d’efforts menés contre la guerre. Ce numéro
de la Lettre de Nouvelles donne des exemples d’actions menées dans le réseau
des Eglises et groupes pacifistes ces derniers mois : l’expérience d’une délégation
en Irak (p. 3), celle d’un jeûne
à New-York (p. 1). Il ne s’arrête pas sur un nombre important
d’autres actions menées également : innombrables prières pour la paix,
vigiles devant des sites militaires, blocages de bases militaires américaines
en Allemagne, soutien et conseil apporté aux objecteurs de conscience,
pétitions, participation aux manifestations du 15 février et du 15 mars...
Autant de signes d’espérance dans une situation apparemment sans issue.
D’autres actions devront encore être menées, pour que la lutte ne
s’arrête pas dans son élan.
Le temps est
à la réflexion et à la concertation. Ces lignes sont écrites dans
la période de la Passion. Celle-ci « nous rappelle qu’à la croix, le
scandale de la violence a perdu son pouvoir » (H. Gerber). Il nous faut méditer
cette vérité et nous y attacher fermement. La ren-contre internationale de
Church and Peace dans les locaux de la Faculté de Théologie d’Osijek (p. 4)
sera une excellente occasion de poursuivre cette méditaion et de réfléchir à
« ce qui contribue à la paix ». Des croyants venus de toute l’Europe en
une région qui se remet à peine de ses blessures sont invités à
cette réflexion. Que le Dieu de paix rende cette concertation fructueuse et
fortifie les participants dans leur confiance que « le fruit de la justice est
semé dans la paix pour ceux qui font oeuvre de paix » (Jacques 3:18). Car si
terrible soit cette guerre, ce n’est pas elle qui aura le dernier mot.
Marie-Noëlle
von der Recke
*****
Un jeûne à New York : Appel à la conscience
Theo Döllgast
Renoncer c'est
parfois agir: c'est le fameux paradoxe du jeûne. Lors de la guerre contre
l'Iraq, la Communauté de l’Arche eut l'inspiration d'organiser à New
York un jeûne de 8 jours à l'eau. Il eut lieu du 16 au 22 février,
en commençant le lendemain des manifestations mondiales du 15 février. Ont
participé 11 membres de l'Arche de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, de
Grande Bretagne et de l'Ile de Jersey. Nous étions logés dans une paroisse
catholique à Brooklyn, nos partenaires, et partiellement
co-jeûneurs, étaient des Quakers, Mennonites, Méthodistes, Franciscains,
deux familles juives et plusieurs ONG's, dont IFOR-USA et Pax Christi New York.
Le concept : un
jeûne au sens gandhien, et non une grève de la faim ; appel
à la conscience, et non chantage ; aborder l'écoute intérieure de
l'autre, et non ressasser des arguments usés. Nous cherchions surtout à
atteindre les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, en tant qu’instance
suprême de décision à ce moment là. Quatre pistes nous y
conduisaient : les Missions Permanentes auprès de l'ONU du Vatican, de
l'Allemagne, des Mennonites et des Franciscains. Nous avons eu la preuve de la
réception de notre message par Hans Blix, qui a dit en avoir eu connaissance
lors d'une brève interview avec notre cinéaste.
Des journées
simples, mais serrées: le matin et le soir réunion méditative du groupe,
partage, accord. Le matin et vers midi nous étions présents dans des églises,
des bureaux (ex : chez les Mennonites face au bâtiment de l'ONU) ou dans la
minuscule sal1e de médiation de l'ONU. Ce furent les heures les plus fortes,
où nous nous trouvions, petits et faibles, devant la machinerie géante
de l'ONU, au milieu du ventre de la
baleine «Manhattan», - perdus sans l’être vraiment. Les après-midis
étaient remplis de rendez-vous, appels téléphoniques, correspondance, lecture.
Nous avons lu ensemble le livre d'un de nos participants* qui trace le penchant
des Américains à la violence depuis les racines de l'époque coloniale jusqu'à
nos jours.
Après
notre retour, au moment où j'écris (17 mars), la guerre illégale
continue, mais l'invasion n'a pas encore commencé. Une autre équipe de l'Arche
de 5 jeûneurs a repris le jeûne du 9 au 15 mars à New York,
dans le même esprit et s'adressant aux mêmes des-tinataires. On
n'abandonne pas, même si les chances paraissent nulles : c'est un autre
paradoxe vital.
*Alain J. Richard, Roots of Violence in the U.S.
Culture, ISBN 1-57733-043-9
La vérité : la
première victime de toute guerre
Cor Keijzer
« Le parfait
voyageur ne sait où il va. » Lao Tseu (IVe siècle av. J.-C.)
C’est toujours
vrai. Cela me concerne aussi. Début février je suis parti pour l’Iraq. Comme
représentant de Church & Peace j’ai participé à une mission de paix
de CPT (Christian Peacemakers Team). Ce sont les Eglises de paix en Amerique du
Nord (Quakers, Mennonites et Church of the Brethern) qui ont fondé CPT.
Actuellement CPT essaie d’envoyer tous les mois une délégation de 10 à
15 personnes en Iraq. Pour moi un chance formidable de découvrir qu’il y a
beaucoup d’Américains qui s’opposent à la politique agressive de la
Maison Blanche.
Le but de ces
Missions de Paix est d’écouter sur place la voix du peuple Iraquien. D’autre
part il s’agit d’informer les media dans notre pays. Les deux choses sont
très importantes, car la propagande risque d’étouffer toute opinion
objective. La vérité est toujours la première victime de toute guerre.
Heureusement qu’il y a encore quelques journaux qui essaient d’informer
l’opinion publique d’une manière indépendante de toute pression. Il en
résulte que dans plusieurs pays des majorités se forgent pour une solution
positive de tous les problèmes du Moyen-Orient. La France et l’Allemagne
jouent un rôle très important. Il faudra encourager les gouvernements de
ces deux pays à continuer sur cette voie. L’histoire leur saura gré plus
tard d’avoir contribué ainsi à éviter une troisième guerre
mondiale.
Au cours de mon
séjour en Iraq j’ai partout entendu les mêmes questions: pourquoi nous
faites-vous souffrir si longtemps? Arrêtez les sanctions, arrêtez
les bombardements! Cela suffit! Les Américains et les Anglais utilisent des
armes qui détruisent nos terres pour des siècles et des sìecles.
Ce sont des armes de déstruction massive qui touchent avant tout la population
civile. N’avons-nous pas à faire à un génocide, lorsque les
Nations Unies ont rapporté que plus d’un million d’enfants et de vieillards
sont décédés inutilement à cause des sanctions et à cause des
bombardements ? Plus grave encore, tous les mois 4 à 5000 enfants
meurent de leucémie ou d’autres cancers.
Depuis le 15
février je suis de retour chez moi. Je n’arrive pas à me libérer de ma
colère. Qui nous donne le droit d’humilier le peuple Iraquien de cette
manière? On ne se rend pas compte certainement que le jour viendra
où nos enfants auront à payer la facture. Un proverbe africain
dit: “Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à
nos enfants”. J’aime beaucoup mes 5 enfants. Vous aimez les vôtres?
Leeuwarden –
Pays-Bas, le 4 mars 2003
Qu’est-ce-que CPT ?
Les Equipes Artisans de paix Chrétiens (Christian
Peacemaker Teams, CPT) offrent une alternative non-vio-lente et organisée
à la guerre et à toute autre forme de conflit violent entre des
groupes de personnes. Elles apportent leur soutien à des personnes
engagées dans la recherche d’alternatives non-violentes dans des situa-tions
où des conflits violents sont une réalité immédiate ou sont cautionnés
par les responsables politiques.
Les Equipes Artisans de Paix Chrétiens veulent
concrétiser la réponse de toute l’Eglise dans le domaine de l’objection de
conscience à la guerre, dans le développement d’institutions
non-violentes, dans la formation et l’acquisition de compétences pour
intervenir dans les situations de conflit. Les projets des CPT sont intimement
liés avec la vie spirituelle des églises sur lesquelles elles s’appuient. Les
dons de ces églises, que ce soit sous forme de prières, d’argent ou de
temps, sont le fondement du ministère pour la paix des Equipes Artisans
de Paix Chrétiens.
Conférence internationale de Church and Peace 2003
Partenaires à Osijek : La Faculté de Théologie
Evangélique d’Osijek
Depuis ses
modestes débuts dans les sous-sols d’une église de Zagreb (ex-Yougoslavie), en
1972, la Faculté de Théologie Evangélique (ETS) s’est développée pour devenir
une des premières écoles chrétiennes en Europe de l’Est. Créée pour
former des pasteurs et des laïcs dans l’étude de la Bible et la théologie,
l’ETS a été l’un des rares instituts de théo-logie protestante ouverts sous le
régime communiste en Europe Centrale et Orientale, y compris l’ancienne Union
Soviétique. Les limites de la liberté religieuse ailleurs dans le pays ont fait
de l’ETS un centre stratégique pour les personnes cherchant une formation plus
poussée en vue du ministère.
31 ans plus
tard, des centaines de diplômés ont accédé au ministère sur tous les
continents, dans plus de 40 pays. Le séminaire accueille plus de 70 étudiants
à plein temps, et 200 étudiants à temps partiel représentant 18
pays et 9 dénominations.
Les diplômés
ont fondé des églises et des services chrétiens de toutes sortes, des
programmes de radio, de télévision et de production de vidéos à
caractère pédagogique et un ministère auprès des
étudiants. La faculté et les étudiants de l’ETS ont eu un impact
extraordinaire, non seulement durant les temps difficiles du communisme, mais
surtout dans la période post-communiste. Ils exercent leur ministère
à travers l’Europe de l’Est, de l’Albanie à l’Arménie. La faculté
a ainsi été une passerelle importante entre l’Est et l’Ouest.
Aujourd’hui
elle est à la fois internationale et inter-dénominationnelle de par son
caractère et de par sa vision, cherchant à former une nouvelle
génération de responsables pour l’après–communisme.
Sur la base des
principes bibliques concernant la dignité et la valeur de l’humanité créée
à l’image de Dieu, l’institut Œcuménique -branche de l’ETS-pour la
Vie, la Paix et la Justice, cherche à s’impliquer dans la dimension
pratique de l’Evangile qui touche à ces trois domaines vitaux de
l’expérience et de la valeur de l’humanité. L’institut espère influencer
les macro-structures de la société et favoriser le dialogue, la circulation des
idées en faveur d’une qualité de vie incluant la justice et la paix. Les micro-structures
de la société, telles que la qualité des relations personnelles et de la vie de
famille seront influencées par les activités pédagogiques offertes par
l’Institut.
Les objectifs
spécifiques de cet Institut comprennent la traduction et la publication
d’ou-vrages importants sur ces thèmes, la promotion du dialogue au
niveau de la base parmi les responsables religieux, l’invitation de
conférenciers spécialisés dans la résolution des conflits, ou le traîtement du
Syndrome de Stress Post-traumatique, le parrainage d’actions pour l’éducation
à la paix auprès des enseignants et le soutien de groupes ayant
des objec-tifs similaires.
Quelques
exemples des activités de l’Institut pour la Vie, la Paix et la Justice les
plus récen-tes sont la formation de Croates dans le cadre du programme «
Alternatives à la Violence » et l’organisation d’un séminaire avec
Miroslav Volf et des travailleurs pour la paix. Actuellement on travaille
à la mise en place d’un programme de Maîtrise dans le domaine de la
Paix.
Traduction :
Louise Nussbaumer
Surmontez le mal par le bien
Rencontre régionale germanophone de Church & Peace
Wolfgang Krauss
Paul encourage
l’Eglise à Rome « Surmontez le mal par le bien » (Romains 12 : 21). Ce
verset était le thème de la rencontre commune de Church & Peace et
du Comité Mennonite Allemand pour la paix (DMFK). Le DMFK a ouvert sa rencontre
traditionnelle d’automne à Karlsruhe –Thomashof (18-20 octobre 2002) au
réseau germano-phone de Church & Peace.
L’orateur principal fut Arnold Neufeld-Fast, du Centre de Formation et
de Rencontre du Bienenberg. En deux grands exposés il développa le thème
de la transformation des conflits en présentant méthodes, modèles et en
retraçant les dévelop-pements observés dans ce domaine au fil des années.
De la gestion à la transformation des conflits
Tout d’abord,
Arnold Neufeld-Fast esquissa -entre autres au regard de l’expérience de sa
propre famille- l’évolution de la théologie et de la pratique des Eglises
pacifistes : une attitude de non-résistance plutôt passive, a évolué vers une
action concrète en faveur de la paix. Il donna ensuite un aperçu sur
l’évolution de la recherche dans le domaine de la paix et des conflits et
concernant l’influence de cette évolution sur les concepts et méthodes de travail.
Il présenta essentiellement la pensée du chercheur et travailleur pour la paix
mennonite, John Paul Lederach. Celui-ci, faisant constamment référence à
ses expériences pratiques et à son travail à travers le monde,
propose un concept qui se démarque de modèles plutôt mécaniques de la
gestion des conflits et plaide pour un concept global visant à la
transformation des conflits.
Ce qu’il faut
aujourd’hui, ce ne sont pas des spécialistes de la gestion des conflits qui
interviennent de l’extérieur et avec des méthodes occidentales dans des
conflits dont la profondeur leur échappe en partie. Il faut que les per-sonnes
concernées elles-mêmes –et en principe la société toute entière–
participent à la transformation du potentiel conflictuel par des
processus constructifs et imaginatifs. Ce concept de « la transformation du
conflit » intègre des éléments souvent considérés jusqu’ici comme
contradictoires (depuis la diplomatie jusqu’à la médiation et aux
initiatives locales). Il attribue aux différentes méthodes, différentes
phases, suivant les groupes concernés et
les intègre dans un concept global à long terme concernant
plusieurs générations.*
Dans 4 groupes
de travail, des spécialistes ont donné un aperçu de leur activité : Frieder
Boller, pasteur (la gestion des conflits dans l’assemblée); Ernst von der
Recke, (médiation dans les écoles); Reinhard Kober, Hambourg, (équipes
chrétiennes artisans de paix - Christian Peacmeker Teams - CPT- à Hébron
en Palestine); Ana et Otto Raffai, Zagreb (travail de réconciliation en
Croatie, Bosnie et Serbie).
Une mosaïque de spiritualité pacifiste
Les moments de
prière ont montré sur le vif la mosaïque de la spiritualité
pacifiste : une prière du matin sous forme de méditation silencieuse
présidée par un instituteur spécialisé quaker, ancien volontaire au bureau du
DMFK ; les prières du soir animées par un couple menno-nite suisse et
les membres d’une communauté rurale d’arrière-plan protestant du
Wurtemberg.
La fête
colorée du samedi soir a rassemblé jeunes et vieux autour de jeux, de
divertissements, de poèmes, de danses, de chants et d’histoires. On
donna des exemples tirés de l’expérience montrant comment le mal est surmonté
par le bien, et la manière pacifiste de répondre à la menace et
la violence.
Le séminaire
s’est achevé par un culte émouvant. Ana Raffai a commenté Romains 12:21 dans sa
prédication. Elle a évoqué ses expériences, parfois frustrantes, mais aussi
encourageantes dans le domaine de l’enseignement des méthodes de la
non-violence. Qui sait ce qu’est le mal ? Ceux qui le subissent. Comment
surmonter le mal ? Le bien est-il simplement un outil servant à
surmonter le mal de façon mécanique ? Ou n’est-ce pas plutôt une attitude, un
comportement vécu ? Un chemin de vie, en réponse au mal, un chemin de vie pour
le surmonter ? La vengeance humaine et l’appel à la sanction ne peuvent
rien réparer. Mais lorsque nous laissons la vengeance à Dieu il peut
mettre une nouvelle dynamique en route. Il offre à tous la vie au lieu
de la destruction. Un temps d’intercession, nous permit d’apporter à
Dieu des situations d’injustice et de violence.
*Les exposés en langue allemande seront publiés
courant 2003.
Traduction :
Louise Nussbaumer
Violences mondialisées - Mondialisation de la paix
Rencontre régionale francophone de Church & Peace
La rencontre
Francophone de Church and Peace, qui s’est déroulée du vendredi 25 octobre
jusqu’au diman-che 27 octobre, a réuni une trentaine de personnes à
l’Abbaye des Dombes où nous avons été accueillis par la Communauté du
Chemin Neuf. Nous avons été heureux de constater qu’un tiers des participants
avait été invité, et venait pour la première fois dans une rencontre
d’Eglise et Paix.
Le thème
de la rencontre « Violences mondialisées et mondialisation de la Paix », se
situait parfaitement dans le contexte mondial actuel, où le terrorisme,
suite aux événements du 11 septembre 2001, incite à réflé-chir sur les
mécanismes de la mondialisation et à rechercher les chemins de Paix
possibles pour nos Eglises et pour nous, en tant que chrétiens.
Christian
Mellon, Jésuite, secrétaire national de Justice et Paix – France, et Frédéric
Rognon, pasteur de l’E-glise Réformée de France, enseignant à la faculté
de Théologie protestante de Strasbourg, ami de l’Arche de Lanza del Vasto, nous
ont conduits dans notre réflexion et nous ont aidés à mieux comprendre
et analyser les effets de la mondialisation dans les situations
con-crètes que nous vivons.*
Frédéric
Rognon, lui, nous a fait part de quelques impressions personnelles qui
constituent un excellent résumé de notre rencontre :
Tout d’abord,
c’était une grâce d’être accueillis ici à l’abbaye des Dombes, par
la Communauté du Chemin Neuf. Nous avons bien entendu dans la présentation que
la Communauté a faite d’elle-même que la con-struction de la paix passe
aussi par le rapprochement entre les Églises, et le fait de nous rencontrer ici
dans cette même pièce qui a vu pendant quarante ans les efforts du
Groupe des Dombes en faveur de l’unité des chrétiens est sans doute un clin
d’œil. Nous avons aussi entendu que la Communauté du Chemin Neuf s’avance
peu à peu sur un chemin qui en fera peut-être un jour une
Communauté de Paix. C’est une source de reconnaissance.
L’exposé de
Christian Mellon, sur les violences mondialisées et le terrorisme, nous a
fourni des clefs qui nous permettent de mieux saisir les enjeux de la
mondialisation. Je retiendrai quatre formules : il est possible de maîtriser la
mondialisation ; il est nécessaire de dis-tinguer l’économie et la guerre ; il
est indispensable de s’adresser aux décideurs dans leur langage, en tenant
compte de leur logique ; et enfin, il n’est pas judicieux de sous-estimer leur
capacité à infléchir la courbe. On a pu reprocher à cet exposé
son optimisme ; mais peut-être s’agit-il tout simplement d’espérance.
Lors de la
lecture de textes bibliques concernant la mondialisation de la paix, nous avons
cherché à distinguer « pax » et « shalom » afin de devenir des artisans
de « shalom » ; nous avons voulu ne pas nous contenter de la version négative
de la règle d’équivalence, pour nous engager dans sa version positive ;
nous avons ressenti la nécessité de nous réconcilier avec notre propre
Samaritain intérieur et avec nos Samaritains extérieurs ; et enfin nous avons
échangé sur les moyens de créer un terreau
sur lequel le « shalom » pourrait prospérer et devenir
contagieux.
C’est ainsi que
nous avons appris que nous constituions une « mafia pour la paix »(!), un
réseau souterrain dont le travail porte des fruits. Ce travail n’est pas
forcément médiatique, mais il consiste à faire du lien. L’expression «
mafia pour la paix » restera sans doute dans les mémoires. Là encore, au
milieu des défis gigantesques qui nous menacent, le maître-mot est :
l’espérance.. Des témoignages d’espérance nous ont encou-ragés : ce qui se vit
au Rwanda, au Congo, au Zaïre, ce que fait Attac, voilà de petites
lumières au milieu de la nuit.
Nous repartons
avec quelques clefs pour analyser la situation de notre planète, et avec
quelques clefs de lecture des textes bibliques qui nous nourrissent, mais
surtout avec une espérance renouvelée. L’espérance qui anime une « mafia pour
la paix », une « mafia prophétique », une « mafia d’espérance ».
* Leurs interventions sont disponibles auprès
du secrétariat francophone ainsi qu’une bibliographie.
NOUVELLES DU RESEAU
• La Foundation Bocs recherche un soutien pour son
projet en Inde
Depuis 1977, La
fondation Bocs a soutenu le programme de parrainage à l’éducation
(Education Sponsoring Program ESP ), un réseau d’écoles regroupant 94 écoles et
30 000 élèves à Gujarat, en Inde. En facilitant la promotion de
l’éducation des filles et des femmes de familles pauvres, Bocs s’efforce de
répondre au problème de la surpopulation, facteur qui contribue à
la violence et à la destruction de l’environnement à travers le
monde. Actuellement, la Fondation BOCS recherche des partenaires (organisations
non-gouvernementales) en Europe de l’Ouest pour aider au financement du
programme. La Fondation BOCS est membre de Church & Peace et constitue la
branche hongroise du Mouvement International de la Réconciliation. (IFOR in
Action / hiver 2003)
• London Mennonite Centre fête ses 50 ans
Le Centre
Mennonite de Londres (LMC), membre de C hurch and Peace, va accueillir des
visiteurs du monde entier les 7-8 juin pour célébrer 50 années d’accueil et de
service chrétiens. Le Centre a été créé en 1953 pour un ministère
d’accueil auprès d’étudiants étrangers. Il s’est développé pour devenir
un centre de retraites, de conférences théologiques et un lieu ressource pour
l’anabap-tisme en Grande Bretagne. Aujourd’hui, neuf personnes travaillent au
LMC dans divers domaines de la mission, depuis la formation à la vie de
disciples, la tradition anabaptiste jusqu’à la médiation et la
réconciliation. Personne à contacter : Jill Gerig, jgerig@menno.org.uk,
ou le site www.menno.org.uk (Mennonite Mission Network)
• Apprentissage de la non-violence dans les écoles
La Coordination
Française pour la décennie Internationale 2001-2010 de la promotion d’une
culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde,
proposesur le site Internet http://www.decennie.org une lettre-pétition au
Ministre de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche, pour
envisager la mise en place officielle dans notre système éducatif de
l’apprentissage de la non-violence et de la paix.
A LIRE, A VOIR
• « Pour une éducation à la non-violence »
La
bibliothèque du Centre Mennonite de Bruxelles propose un livre
très accessible écrit par Jeanne Gerber pour soutenir toute activité
d’éducation des enfants à la paix et à la transformation des
conflits. Ce livre propose des outils pédagogiques pour transformer les
conflits. C’est un outil indispensable pour les parents et les enseignants,
mais qui intéressera aussi les éducateurs, les assistants sociaux et les
psychologues. « Pour une éducation à la non-violence : Activités pour
éduquer les 8/12 ans à la paix et à la transformation des
conflits », Editions Chronique Sociale. Disponible en librairie ou
auprès du Centre Mennonite de Bruxelles, 112 rue Franklin, B-1000
Bruxelles.
• « Lanza del Vasto, le pelèrin »
Un film de 65’
qui invite à découvrir Lanza del Vasto, Pèlerin de Vérité et de
Paix et Fondateur de communautés non-violentes engagées dans les
problèmes de société. Le film aborde des thèmes tels que
l’Engagement contre le nucléaire civil et militaire et la Communauté de
l’Arche, hier et aujourd’hui. Louis Campana (auteur-réalisateur) et François
Verlet (image-son, conseil et montage) sont aussi les co-auteurs du film «Les
Colombes de l’Ombre», un plaidoyer pour la cause de la paix et de la
non-violence en Israël-Palestine. Prix de souscrip-tion : 25 €+ 2,40 € pour les frais de port et d’emballage.
Chèque à l’ordre de «Association Shanti, 37 rue de la Concorde,
F-11000 Carcassonne
• Liste ressource sur la paix avec notes
Une liste en
anglais, de livres, videos, musique, sites internet concernant la paix, pour
tous âges, y compris du matériel pour enseignants et des liens pour d’autres
listes sur le thème. Peace.mennolink.org/resources/biglist/index.html
• Initiative “Invite ton voisin”
« L’hospitalité
vue par des émigré(e)s », se trouve
dans le livret 3 de
l’Initiative « Invite ton voisin ». Ce matériel en allemand contient des
expériences et des récits personnels, des éléments didac-tiques, des
propositions de chants, des prières et des suggestions liturgiques.
€2,50. A commander à la Centrale Oecuménique, Tél. +49 69 2470 270,
ackoec@t-online.de,
www.oekumene-ack.de/lade/
• Etre artisan de paix – jour après jour
Un ensemble en
langue allemande de pensées, poèmes, expériences, méditations,
prières et textes bibliques d’auteurs connus et inconnus. Avec une
préface de Dorothée Sölle. Ce projet s’inspire du livre « Peacemaking day by
day » de Pax Christi USA. Les éditeurs sont entre autres la communauté
diaconale “Brot und Rosen” et Church and Peace. A commander : Bureau
International de Church and Peace (adressse v. p.2)