GLÈBE À GLÈBE
Viens-t’en, petite sœur, le soleil notre
père
S’en retourne à pas lents vers son
lointain village.
On voit luire là-haut les carreaux de la
lune.
Comme un vitrail d’église en plein
ciel embué.
La preste hirondelle se balance en son nid.
La griserie de tes paroles m’envahit.
Pareilles à nos doigts toutes les feuilles
tremblent
Et la glèbe s’unit plus fort avec la
glèbe.
Nous sommes nous aussi semblables à deux
glèbes.
Et nous savons que le blé tendre et frais
nous aime.
Viens, ma chérie, que ton corps roule dans
mon âme,
Le sol, dans notre chair, enfouit ses sillons.
Et la noire brebis du soir se met en route.
Tombée, sa laine douce est déjà
bien plus sombre.
Ta chevelure blonde a l’air d’un champ
de blé
Que les rayons, venus de la lune, ont criblé.
(Charles Dobzynski)