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Chers
lecteurs
, Hier,
l’OTAN a lancé une offensive militaire contre l’armée
serbe pour essayer de forcer le président Slobodan Milosevic à
signer les accords de paix de Rambouillet. Et pourtant, nous savons que la paix
ne peut être imposée par l’usage de la violence militaire.
Ces frappes aériennes ont pour but de mettre fin aux graves violations
des droits de l’homme perpétrées contre les civils du
Kosovo; cependant l’OTAN n’ayant pas reçu de mandat des
Nations Unies, ces bombardements constituent une violation du droit
international. Nous savons que Dieu ne considère pas la guerre comme un
moyen légitime de résoudre les conflits violents.
Légitimer une intervention militaire parce que ”il n’y a pas
d’autre alternative” indique que les actions entreprises pour
arriver à une résolution non militaire de la tragédie au
Kosovo, étaient trop peu nombreuses et trop tardives. Nous devons tous
assumer cette responsabilité.
Cependant,
il est important de reconnaître ce qui a été fait, surtout
par les églises, pour éviter une escalade du conflit et pour
mettre fin à la violence. Dans une déclaration commune, le 18
mars à Vienne, des représentants des communautés
catholiques, musulmanes et orthodoxes du Kosovo, appelèrent au dialogue
et à la négociation plutôt qu’à une solution
militaire : “La guerre au Kosovo n’est pas une guerre de religion.
Nous connaissons trop bien notre histoire troublée et tragique, mais il
nous appartient de décider de notre avenir. Toutes les
communautés ethniques et religieuses du Kosovo doivent pouvoir vivre,
adorer Dieu et travailler, en sachant que leurs droits fondamentaux et leurs
droits religieux ne seront pas bafoués, et que leurs lieux de culte,
leur héritage culturel et linguistique sera protégé”.
Dans
une déclaration du 23 mars, la Conférence des Eglises
Européennes (CEC) mentionnait les efforts des responsables religieux
serbes orthodoxes qui avaient “appelé les dirigeants de Serbie
à choisir le chemin du dialogue, de la démocratisation et du
respect des droits de l’homme pour les peuples de toutes les
communautés ethniques et de toutes les appartenances religieuses.”
Nous
ne devons pas non plus oublier la présence des organisations
internationales humanitaires et des mouvements qui travaillent pour la paix,
ainsi que les nombreux volontaires de communautés membres de Church
& Peace, de Pax Christi, d’IFOR et d’autres groupes, qui ont
été actifs depuis de nombreuses années dans
différentes parties de l’ex-Yougoslavie, travaillant à la
réconciliation et à la coexistence pacifique des
différentes communautés ethniques et religieuses. Beaucoup de ces
organisations ont dû évacuer leur personnel à cause des
frappes de l’OTAN. Certains -par exemple “Bread of Life”
à Belgrade- essaient de poursuivre leur travail humanitaire au Kosovo.
Le retrait de ces ONG va encore contribuer à empirer la situation
déjà désespérée des habitants du Kosovo et
des innombrables réfugiés, les laissant à la merci des
combattants armés.
Reste
la question de savoir ce que nous pouvons faire par rapport à
l’offensive militaire de l’OTAN et à la situation au Kosovo.
La lettre de Nouvelles de “Bread of Life” du 10 mars décrit
les actions menées par des chrétiens de Belgrade: “en
réponse à la crise au Kosovo, les Eglises de Pentecôtes de
la Trinité de Belgrade invitent les chrétiens à prier et
à jeûner avec eux chaque mardi. Les églises protestantes
organisent des vigiles de prière ininterrompues. Les chrétiens de
Belgrade prient que la soif de pouvoir politique soit remplacée par une
passion pour la paix, la justice et le respect de la vie humaine, cette
merveilleuse création de Dieu”.
Prions
pour tous ceux qui sont menacés par la situation actuelle, pour ceux qui
ont le pouvoir, et pour ceux qui souffrent. Commençons aussi à
mettre en place ou à renforcer, à tous les niveaux, des groupes
d’intervention civils pour la paix afin que nous puissions avoir une
alternative efficace à l’armée lors de crises futures.
Christian
Hohmann
25
mars 1999
Trad
: sgp
Les
Eglises veulent vaincre la violence
8me
assemblée plénière du Conseil Oecuménique des
Eglises, du 3 au 14 décembre à Hararé, au Zimbabwe
Parmi
les 5000 participants à la 8me assemblée générale
du Conseil Oecuménique des Eglises (COE) qui s’est tenue du 3 au
14 décembre 1999 à Hararé, au Zimbabwé, se trouvait
une cinquantaine de membres des Eglises historiquement pacifistes. Quelques-uns
représentaient des Eglises membres du COE. Mais la plupart d’entre
nous étions des observateurs et devions, dans la tente
réservée aux visiteurs, suivre la retransimission
télvévisée des séances publiques. Elles
étaient souvent passionnantes et il y a eu quelques bons exposés,
par exemple la contribution du théologien japonais Kauske Koyama. Une
séance plénière ayant pour thème l’Afrique
fut introduite par une pièce de théâtre pleine de de vie.
L’allocution de Nelson Mandela fut particulièrement
impressionnnante.
Des
membres des Eglises historiquemet pacifistes se sont rencontrés
Larry
Miller, secrétaire général de la Conférence
Mennonite Mondiale a permis aux les membres des Eglises historiquement
pacifistes de se retrouver un soir. Nous avons ainsi pu faire connaissance et
réflléchir à la manière dont “nos
délégués pouvaient représenter nos
préoccupations lors des séances plénières et des
commissions. Lors de ntore deuxième rencontre, Sara Speicher,
collaboratrice au programme du COE pour vaincre la violence et membre de la
Church of the Brethern, a fait un rapport sur la campagne du COE “Paix
dans la ville”.
Prise
de position sur les enfants soldats
Sur
l’initiative de Rachel Brett, qui travaille au bureau quaker
auprès des Nations Unies à Genève, les
délégués des Eglises historiquement pacifistes ont
déposé une requête à l’assemblée
plénière pour qu’elle se déclare officiellement
opposée à l’utilisation d’enfants comme soldats.
Cette requête a été acceptée par
l’assemblée plènière.
Décennie
pour vaincre la violence
Deux
délégués issus des rangs des Eglises historiqument
pacifistes ont été élus au Comité Exécutif
du COE : Eden Grace, déléguée de Friends United Meeting et
Fernando Enns, un jeune théologien mennonite de Heidelberg. Des rangs
des Eglises de paix et des Eglises allemandes émana la proposition que
la première décennie du nouveau millénaire (2000-2010)
soitdéclarée décennie (des Eglises) pour vaincre la
violence et pour une culture de la non-violence. Cette décennie devrait
naître de l’actuel programme du COE pour vaincre la violence et
être fondée sur les expériences de la décennie des
Eglises en soladirité avec les femmes. C’est Fernando Enns qui
présenta à l’assemblée plénière une
résolution dans ce sens. A une grand majorité, avec seulement
trois ou quatre voix contre, cette résolution a été
adoptée.C’est donc une occasion unique de faire connaître
davantage dans les Eglises les méthodes de résolution
non-violente des conflits. Tout un travail théologique est aussi
nécessaire : en effet, la justification théologique de la
violence militiare - même soumise à certaines conditions - est de
plus en plus remise en question.
Padaré Pendant
5 jours s’est tenu sur le campus universitaire le
“padaré”. “Padaré” est un mot africain
pour une place qui ne sert pas seulement de place du marché, mais de
point de rencontre général où tout peut être
discuté. Pendant le “padaré” il y a eu un choix
varié de présentations dans les auditoriums, les salles de
séminaires et les tentes.
Carrefours,
séminaires, ateliers, expositions, stands d’information,
théâtre... Dans une tente malheureusement située un peu
à l’écart, Eglise et Paix, que je représentais,
Eirene et les Services Oecuméniques de Shalom tenaient un stand
d’information commun. A la demande du Centre de Liaison des Services
Oecuméniques, j’ai organisé deux séminaires sur le
thème “vaincre la violence et promouvoir la justice”. Il est
venu chaque fois une vingtaine de visiteurs et visiteuses, entre lesqueles il y
a eu un bon échange d’expériences et d’idées.
Le premier séminaire traitait du rôle des services volonaires pour
la paix dans les situations de confilts. Nous avons entendu des rapports de
Doug Baker de Belfast, Mike Vorster de Durban en Afrique du Sud,
“Luli” Camache, une equatorienne membre du Gorleben International
Peace Team et de Julien Seesmda du Tchad. Deux femmes de Chypre ont
témoigné de leur engagement pour la rencontre et le dialogue
entre Chypriotes grecs et trucs.
Des
Eglises médiatrices
Le
thème du deuxième séminaire était “Eglises
médiatrices”. Bernt Johnson, le directeur de l’institut
oecuménique Life and Peace de Suède, a décrit la
rôle d’artisan de paix que les Eglises devraient jouer dans les
conflits. Bethuel Kiplagat, ancien diplomate de haut rang du Kenya, a
raconté ses expériences de médiateur, entre autres au
Mozambique.
Klaus
Wilkens, président de l’AGDF (Aktionsgemeinschaft Dienst für
den Frieden = collectif des organnisations au service de la paix) a fait un
exosé sur le processus de paix au Guatémala et sur le rôle
de médiateur des Eglises allemandes dans le contexte d’initiatives
locales. Bernard Diakoula du Congo (Brazzaville) a raconté le rôle
important des Eglises dans le conflit entre le gouvernement et les rebelles
dans son pays. Carl Stauffer, un collaborateur du MCC (oeuvre d’entraide
des Mennonites nordaméricains) qui a travaillé dans un centre
oecuménique à Johannesbourg, a distingué six tâches
à assigner aux Eglises :
1. Etablir
des relations entre les membres des groupes séparés.
2. Créer
de groupes qui veulent la paix “peace constituencies”).
3. L’advocacy
(=jouer le rôle de l’avocat, c’est- a-dire s’engager
pour les faibles, être la voix des sans-voix).
4. Donner
une dimension spirituelle au milieu des conflits.
5. Créer
les conditions du dialogue.
6. Donner
des signes d’espérance; ne pas perdre de vue la possibilité
de la réconciliation.
L’échange
qui suivit fut très stimulant pour les membres des Eglises qui veulent
jour un rôle d’artisan de paix dans les conflits. Bethuel Kiplagat
a proposé d’organiser un colloque entre ces personnes et les
collaborateurs du COE , pour qu’ils puissent y échanger des
idées sur la facon dont le COE pourrait le mieux collaborer avec les
Eglises en vue de la transformation des conflits.
Autres
séminaires et carrefours
Les
deux thèmes qui ont attiré un maximum de visiteurs et visiteuses
du “padaré” étaient la remise des dettes des pays les
plus endettés et la place des homosexuels et lesbiennes dans
l’Eglise. Tout ce qui a été organisé dans le
“padaré” a permis un échange animé
d’expériences, d’opinions et d’idées.
Diffucultés
avec les orthodoxes
On
n’en est pas venu à ce que l’on craignait : le retrait des
orthodoxes de l’assemblée. Le “catholicos”
arménien-orthodoxe Aram I, animateur du Comité Central du COE, a
énergiquement souligné que les orthodoxes veulent rester au COE,
bien que certains aspects de la communauté oecuménique leur
posent problème. L’ordination des femmes et l’acceptation
des homosexuels et lesbiennes dans certaines Eglises sont pour les orthodoxes
des pierres d’achoppement. Ils n’ont pas non plus de
compréhension pour les objecteurs de conscience. Par ailleurs, les
orthodoxes se plaignent que le mode de prise de décision par le vote
majoritaire conduit à ce que le COE soit dominé par les Eglises
libérales d’occident et que les préocupations des
orthodoxes soient trop peu écoutées. Les problèmes
qu’ont les orthodoxes avec le COE seront à l’avenir
discutés dans une commission théologique commune au COE et aux
Eglises orthodoxes.
Une
unité palpable
Malgré
toutes les différences théologiques et politiques,
l’unité des Eglises était sensible à Harare, avant
tout dans les cultes - lorsque nous avons chanté des chants dans
plusieurs langues, accompagnés par un choeur entraînant,
majoritairement africain. Nous avons découvert ce que nous avons en
commun en nous racontant des histoires - sur l’édification du
projet oecuménique à Belfast, sur les efforts pour la paix au
Soudan ou sur la guerre au Sri Lanka et au Congo. C’est avant tout
pendant le “padaré” qu’ont eu lieu beaucoup de
rencontres et beaucoup de liens se sont tissés au delà des
barrières géographiques, politiques et confessionnelles. Puisse
Dieu renforcer dans les années à venir notre unité, tandis
que nous répandrons la bonne nouvelle de l’Evangile et
travaillerons pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création.
Gordon
Matthews
Trad:
Jacqueline Lépeix
L’Assemblée
des délégués approuve “la Décennie
œcuménique pour vaincre la violence”
La
8° Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises à
Harare, Zimbabwe a été un temps de célébration et
de défi pour le Programme pour vaincre la violence (PVV) et la Campagne
en faveur de la Paix dans la ville.
Les
récits des partenaires de la Campagne pour Vaincre la Violence
décrivant les défis rencontrés par le mouvement
œcuménique, ont constitués les temps forts de
l’Assemblée. Pour symboliser la fin de la Campagne et
l’espoir que les efforts pour travailler à la paix et à la
justice continuent, des banderoles pour la paix venant de partout dans le monde
ont été distribuées pendant la Célébration
de Réengagement de l’Assemblée.
Après
avoir écouté ces messages, et avoir raconté leurs propres
histoires de violence et d’efforts pour travailler à la paix, les
délégués ont mis l’accent sur le fait que les
églises doivent continuer à vaincre la violence et à
construire une culture de paix. A une grande majorité, les
délégués ont approuvé une “Décennie
œcuménique pour vaincre la violence” (2001-2010), qui
coïncide avec la Décennie internationale des Nations Unis pour
construire une culture de paix et de non-violence pour les enfants du monde.
L’équipe du PVV se réjouit de profiter de cette
Décennie pour poser des questions critiques au sujet du monde
d’aujourd’hui. Comme l’a remarqué Doug Baker, un
coordinateur local de la Campagne à Belfast, Irelande du Nord,
l’appel à une Décennie pour vaincre la violence semble tout
à fait pertinente “puisque construire la paix est un processus qui
demandera des décennies...”.
Salpy
Eskidjian, Béatrice Merahi, Sara Speicher, Sarah Woodside
PVV
liste des abonnées, 21 déc 98
Trad:
Louise Nussbaumer
Vers
une guérison des mémoires
Dialogue
catholique-mennonite
Du
14-18 octobre 1998, des représentants de la Conférence Mennonite
Mondiale et du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des
Chrétiens se sont rencontrés à Strasbourg pour un dialogue
catholique-mennonite. A l’initiative du Conseil Pontifical, cette
rencontre, dont le thème était “Vers une guérison
des mémoires”, a été la première à ce
niveau dans l’histoire des deux églises. Parmi la
délégation mennonite, Neal Blough, Andrea Lange et Larry Miller,
avec des personnes du Guatemala, des Etats-Unis, du Congo et du Canada. Du
côté catholique, John Mutiso-Mbinda, James Puglisi et Peter Nissen
avec des personnes venues des Etats-Unis et d’Angleterre.
C’est
l’ouverture exprimée à Vatican II dans les années 60
qui a donné l’impulsion au dialogue du côté
catholique. Du côté mennonite, la principale motivation est une
nouvelle prise de conscience du contexte missionnaire et inter-église,
à quoi s’ajoute l’engagement à rechercher la paix
dans toute relation. Le but de la consultation était de favoriser une
meilleure compréhension des positions respectives concernant la foi
chrétienne et de dépasser certaines préventions courantes
entre mennonites et catholiques.
Les
mennonites ont mené de semblables dialogues inter-églises avec
l’Alliance Réformée Mondiale et l’Alliance Mondiale
Baptiste. Les catholiques ont déjà eu des dialogues avec les
Pentecôtistes, les Evangéliques, les Baptistes, les
Réformés, les Anglicans et dernièrement avec les
Luthériens.
Le
dialogue était structuré par quatre exposés : chaque
groupe s’est présenté lui même. Le profil mennonite
est caractérisé par une église qui va de la migration vers
la mission, de la tradition à la théologie (confession), et
d’un groupe ethnique vers un groupe œcuménique.
L’Eglise catholique se décrit comme “ni romaine, ni
occidentale au sens étroit, mais universelle dans le sens le plus absolu
du terme”. Ces exposés ont suscité des débats
passionnés comparant la théologie de l’église et les
pratiques actuelles de chaque groupe.
La
deuxième partie des exposés portait sur les causes des conflits
du XVI° siècle. Le catholique Peter Nissen a insisté sur
l’importance pour les théologiens catholiques du XX°
siècle d’être conscients des réactions souvent
violentes des catholiques et des protestants contre l’anabaptisme. Le
mennonite Neal Blough a reconnu que si la plupart des documents qu’il
présentait n’étaient pas des écrits pacifiques, il
ne fallait pas ignorer ou minimiser de tels souvenirs, pour qu’une
guérison devienne possible.
Les
présentations ont suscité une grande émotion chez les
participants. C’était bouleversant d’entendre un catholique
décrire l’origine de l’anabaptisme comme une histoire
écrite dans le sang. Après avoir écouté le
représentant mennonite Neal Blough lire quelques
“méchantes” affirmations choisies par Menno Simons contre
les catholiques , il était bon de faire une pause, et de rappeler aux
représentants mennonites qu’il y a des préjugés bien
enracinés à l’égard des catholiques. Quelques
participants ont rappelé à l’assistance que la
persécution religieuse continue aujourd’hui, comme le montre le
martyre de prêtres catholiques en Amérique latine.
Les
participants ont reconnu que cette longue histoire d’hostilité
appelle à la repentance, au pardon et à la guérison,
à l’approche du nouveau millénaire. Si les chrétiens
du monde entier se mettent d’accord pour ne pas s’entretuer, les
églises auront fait un grand progrès. Dans cette discussion,
Nzash Lumeya a proposé de faire une déclaration commune pour
condamner le sang versé au XX° siècle. Les participants se
sont mis également d’accord sur la nécessité
d’étudier ensemble l’histoire de la Réforme, puisque
des points de vue divergents sur les causes et les événements du
XVI° siècle produisent des différences d’opinion et
des réactions d’hostilité.
En
même temps, on a constaté qu’il existe des convergences
significatives entre catholiques et mennonites, par exemple, que la grâce
et les œuvres sont inséparables; que l’Eglise est essentielle
pour la compréhension du salut; que le service chrétien est
essentiel à l’Evangile; que la spiritualité et
l’éthique sont indissociables. Les deux dénominations,
catholique et mennonite, ont à offrir quelque chose l’une à
l’autre, les catholiques, par exemple, “un ministère
d’unité” pour les relations inter-églises, et les
mennonites leur compréhension de l’Evangile comme Evangile de
paix. Il est prévu de reprendre ces thèmes, et aussi de
réfléchir sur les différences significatives sur le plan
théologique, dans un dialogue futur . Parmi ces différences, ont
été cité la relation entre Ecriture et tradition, le
domaine de la responsabilité de l’Eglise, la compréhension
du baptême et de la Cène.
Comment
les églises peuvent-elles aller vers une guérison des
mémoires ? Les chrétiens doivent se reconnaître les uns les
autres comme frères et sœurs; confesser leur ignorance
réciproque; étudier ensemble le passé et rechercher un
accord sur leur perception réciproque.
Helmut
Harder
Trad:
Louise Nussbaumer
Nouvelles
du Centre Mennonite d'Etudes et de Rencontre
(Saint Maurice, France)
Le
Centre Mennonite d'Etudes et de Rencontre (CMER) est membre du réseau
Eglise et Paix, pourtant, nous n'avons pas pu être très
présent ces dernières années lors des rencontres communes;
aussi, voici de nos nouvelles. Nos projets et nos buts sont en train
d'évoluer et c'est de ces changements que nous voudrions rendre compte
ici.
D'abord
au niveau local et parisien, le CMER a fonctionné autour de
séminaires, conférences, publications, et d'une
bibliothèque/centre de documentation. Le CMER est un projet modeste
avec des moyens modestes. Un petit local et deux personnes à temps
partiel : Janie et Neal Blough. Avec le temps, des personnes se sont
intéressées à ce travail et nous avons récemment
élargi notre " équipe parisienne " à d'autres qui donnent
de leur temps et énergie bénévolement. Ces personnes
sont, soient enseignants (Frédéric de Coninck, sociologue, Linda
Oyer, professeur de Nouveau Testament à l'Institut Biblique de Lamorlaye
et Bernard Huck, professeur de théologie pratique a la faculté de
théologie de Vaux sur Seine) soient intéressées par la
médiation (Manuel Calvo, ingénieur a l'aérospatiale).
Cette
équipe " élargie " est en train de se mettre en réseau
avec deux autres centres mennonites francophones : le Centre Mennonite de
Bruxelles et le Centre de Formation et de Rencontre du Bienenberg (CEFOR),
à Liestal en Suisse. De ce réseau plusieurs projets sont en
train de naître.
D’abord,
en région parisienne un service de médiation est en train de voir
le jour (avec Juan Jose Romero de Bruxelles et Manuel Calvo), fruit d’une
collaboration inter-protestante (Eglises baptiste, libre et
réformée). Ensuite, un travail théologie et d'histoire
anabaptiste se met en place. Au mois de décembre, un premier week-end a
eu lieu au CEFOR avec 45 participants. Dans la tradition mennonite, le lien
entre communauté (Eglise) et éthique (paix) est fondamental, et
notre réseau a envie de travailler sur ces questions en profondeur, pour
justement élaborer une théologie de paix pour notre époque
et notre contexte. Nous cherchons donc à réfléchir, et
à publier des documents pour stimuler l'intérêt sur ces
questions, pour les mennonites mais aussi pour quiconque en voit
l'utilité. Au mois de mars, au CMER à Saint Maurice aura lieu un
petit week-end de travail sur le thème de l'eschatologie et ses liens
avec la vie communautaire et l'éthique. Nous espérons que ce
travail aboutira à une publication et qu'une équipe
interdisciplinaire et interconfessionnelle pourra apprendre a travailler
ensemble pour "produire " une théologie renouvelée.
Notre
réseau s'intéresse aussi à ce qui se passe ailleurs dans
le monde francophone. Déjà à plusieurs reprises, des
personnes des trois centres se sont déplacées en Afrique
(Kinshasa, Bukavu, Ndjamena) pour animer des séminaires sur une
théologie de la paix et la résolution des conflits. Le travail
théologique que notre réseau cherche à accomplir doit
tenir compte des situations réelles, et nos relations en Afrique nous
aident a garder les pieds sur terre. Bientôt (8-16 février) une
délégation mennonite francophone (Québec et Europe) se
rendra a Kinshasa pour rencontrer les Eglises mennonites du Congo dans l'espoir
de créer de meilleurs liens et d'élaborer des projets de
collaboration réalistes. Les trois centres sont directement
impliqués dans ce voyage.
Pour
clore, je voudrais citer deux ouvrages récents qui représentent
le type de travail que nous cherchons à accomplir.
Frédéric de Coninck est en train d'écrire une série
de quatre livres sur la justice. Les deux premiers sont déjà
parus. Il s'agit de La Justice et l'Abondance, (1997) qui examine
l'économie à partir d'une perspective biblique et sociologique,
et La Justice et la Puissance, (1998) qui porte un même regard sur le
pouvoir et la politique. Les deux ouvrages ont été
édités dans la " Collection Sentier " des Editions La
Clairière, Québec. Pour quiconque s'intéresse à
"l’Eglise", "la Paix" et "la Société", ces ouvrages sont
à lire et à méditer.
Neal
Blough
“Ni
ignorants complets ni sages parfaits...”
Séminaire
sur la prévention et la gestion des conflits liés à la
gestion durable des ressources naturelles
Introduction Soutenu
par l’orientation non-violente de notre communauté (La
Communauté de Chambrelien) et par ma formation en sciences sociales,
j’essaye de garder une certaine disponibilité pour animer des
séminaires sur la transformation non-violente des conflits. Une de mes
récentes interventions s’est déroulée dans le cadre
étatique de la coopération au développement, où
l’explicitation des éventuels fondements spirituels ou
non-violents d’une gestion pacifique des conflits n’entrait pas en
ligne de compte.
Le
Centre pour le Développement et l'Environnement de l'Institut de
Géographie de l'Université de Berne a récemment mis au
point une méthodologie originale pour la formation autodidacte en
Gestion
Durable des Ressources Naturelles
(GDRN) des cadres moyens et des paysans en milieu rural au Mali. Les
changements climatiques, la dégradation et la raréfaction des
ressources naturelles, l'augmentation de la population, les contradictions
entre les intérêts à court terme et à long terme
(déboisement), les décisions politiques des anciens
régimes (attribution autoritaire de couloirs de transhumance,
corruption, etc.) stimulent, dans ce pays, toutes sortes de conflits :
différends entre villages, entre bûcherons et agriculteurs, entre
cueilleurs de fruits sauvages et villageois attachés à la
pérennité de la forêt, entre éleveurs et
agriculteurs : en particulier entre Peuhls transhumants et paysans
malinkés sédentaires.
Ce
module de base de formation en GDRN qui tente de s’attaquer a la
dégradation des ressources naturelles renouvelables a montré la
nécessité d’un module de formation complémentaire,
spécifiquement centré sur la prévention et la gestion des
conflits liés à la GDRN. Consulté lors de la
rédaction du manuel d'animation, j'ai ensuite été
chargé de superviser l'atelier pilote de ce séminaire conduit
selon les mêmes méthodes.
Les
participants et les principes méthodologiques
Les
acteurs du processus de formation se composent de trois groupes : les cadres
maliens, les villageois bénéficiaires, et l'équipe
pluridisciplinaire en Suisse. Cette dernière, liée à des
partenaires en Afrique, élabore le matériel de formation à
proposer et tester. Elle cherche aussi un financement et assure un suivi pour
la formation continue des groupes bénéficiaires.
Dix
cadres des deux sexes (agronomes, juriste, politologue, techniciens,
vulgarisateurs, fonctionnaires...ainsi que deux animateurs/formateurs (homme et
femme) responsables, impliqués dans la thématique et huit
paysannes et paysans du lieu se sont donc retrouvés dans le village
malien de Gonsolo à deux heures de piste de la capitale, durant une
semaine en septembre 1998.
Premier
principe
:
les cadres (sortant pour certains de leur bureau à air
conditionné de Bamako) se déplacent vers les paysans et
travaillent sur leur terrain, la formation se faisant dans une salle
vétuste et sous l'arbre à palabre. Cela facilite la
participation des villageois et villageoises, qui restent ainsi dans leur
terroir.
Deuxième
principe
,
affiché en priorité sur un panneau bien en évidence,
rédigé en bambara (que tous savent lire, sauf moi) :
“Là où on se rencontre, il n'y a ni ignorants complets ni
sages parfaits”. Cette citation d'un auteur du Sud (Paulo Freire) touche
profondément le coeur des villageois qui s'exclameront : “La seule
différence entre les cadres et nous, c'est qu'ils comprennent le
français !” Il est vrai que j'ai été vivement
impressionné par la collaboration des deux groupes, dont l'un amenait
ses connaissances théoriques et l'autre la substance même des
réalités du terrain.
Troisième
principe
: la reproduction des compétences. Les cadres participants pourront, en
duo avec un des animateurs du premier séminaire, co-animer
ultérieurement un nouvel atelier durant lequel ils deviendront ainsi des
animateurs confirmés formant finalement eux-mêmes de nouveaux
co-animateurs et ainsi de suite.
Le
contenu de l'atelier
L'atelier a sensibilisé les parties à l'analyse des conflits,
à leur dynamique, à leur dimension affective, aux attitudes
positives d'écoute, de communication constructive et de
négociation, à la fonction des tierces parties, à la
comparaison des méthodes traditionnelles où l'arbitrage domine,
avec d'autres plus égalitaires et consensuelles, comme la
médiation. Prenant le risque d'introduire dans le cadre strictement
laïc de mon mandat quelques questions spirituelles, j'ai demandé
aux participants, presque tous musulmans, ce que signifiaient dans leur culture
les concepts de pardon et de réconciliation et comment ils
étaient fondés. A leurs réponses, j'ai compris que la
visite de l'Esprit avait de longue date précédé la mienne !
Jean-Denis
Renaud
Communauté
de Chambrelien et MIR suisse romand
“Témoigner
de la paix voulue par Dieu”
Groupe
de Réflexion pour la Paix
Depuis
le début des années 80, le Groupe de Réflexion pour la
Paix propose aux assemblées mennonites françaises de
réserver un dimanche au mois de mars pour une réflexion commune
sur le thème de la paix. La Caisse de Secours “partage avec celui
qui n’a pas”, créée par les assemblées
mennonites françaises en 1976, y a été associée
dès le début. C’est ainsi qu’un document de
réflexion est préparé annuellement par le G.R.P. avec une
suggestion d’offrande de la part de la Caisse de Secours, le plus souvent
en collaboration avec le Mennonite Central Committee (M.C.C.).
Voici
comment ce dimanche a été vécu en 1984 à
Hautefeuille (région parisienne) :
“Le
culte du dimanche 11 mars fut pour la petite assemblée de Hautefeuille,
l’occasion de répondre à l’invitation lancée
par l’Alliance Mennonite des Objecteurs (1) en organisant ses
réflexions du jour sur le thème de la paix. Si, de toute
évidence, une certaine diversité de pensée se manifeste au
travers des membres de l’assemblée, l’intérêt
que beaucoup portent aux questions ayant trait au pacifisme biblique est
cependant très réel... Le thème développé
fut celui de l’engagement social et non-violent des chrétiens....
La collecte du jour, comme demandé, fut envoyée à la
Caisse de Secours dans le but de participer aux frais d’envoi d’une
cargaison de lait à destination du Tchad” (Lettre de Nouvelles de
l’Alliance Mennonite des Objecteurs, n°5 juillet-août
1984-Francis Hannion).
Actuellement,
une dizaine de nos assemblées célèbre ce dimanche et
destine l’offrande au projet proposé par la Caisse de Secours. En
1994, par exemple le G.R.P. a proposé une réflexion sur la
résolution prise à Colmar lors du Congrès Mennonite
Européen de 1993 “Jésus-Christ est notre paix”.
Voici
la liste des bénéficiaires des derniers dimanches pour la Paix :
Maison d’accueil (pour SDF) à Montbéliard, Accueil des
malades du sida par l’association ACCOREMA en Espagne,
Réfugiés du Rwanda, du Zaïre et du Burundi, Travail de
réconciliation du MCC au Congo, Lancement du Département Ethique
Paix et Justice au Tchad.
Comme
le rappelle le règlement intérieur de notre groupe, nous voulons
continuer “à encourager chaque assemblée locale à
témoigner concrètement de la paix voulue par Dieu, tant en leur
sein que vers l’extérieur”. Les assemblées peuvent,
si elles le souhaitent, inviter un membre du G.R.P. pour animer le culte en ce
dimanche.
André
Nussbaumer
(1):
le G.R.P. a été créé officiellement en 1990. Un
groupe informel avait fonctionné depuis les années 70,
d’abord sous l’appellation A.M.O.U.R. (Alliance des Objecteurs de
Conscience Unis par le Ressuscité), puis Alliance Mennonite des
Objecteurs.
Le
“Prix Nobel alternatif” revient à des militantes croates
pour la paix
Le
“Prix Nobel alternatif” distingue cette année deux
militantes croates pour la paix, un médecin américain de
l’environnement, un groupe chilien de protection de l’environnement
et le réseau international “Alimentation pour
bébés”. Ce prix, doté en tout de 1,8 millions de
couronnes suédoises (environ 380’000 DM) de la “Fondation
pour une vie dans la justice” est attribué chaque année
à Stockholm. Il doit récompenser des intiatives qui se sont
distinguées en faveur d’un “renouvellement culturel et
intellectuel” et des technologies durables. Par ce prix,
créé en 1980, le publiciste germano-suédois Jakob von
Uexhull veut apporter un contrepoids aux prix Nobel, qui à son avis
ignorent beaucoup de ce qui est vraiment décisif pour l’avenir.
Selon
les informations données par cette fondation, les deux Croates Katarina
Kruhonja et Vesna Terselic ont recu le prix pour leur “incroyable
engagement” pour la paix, la justice et le réconciliation en
ex-Yougoslavie. V.Terselic a fondé la campagne croate anti-guerre. Ses
membres, venus de toute les républiques de l’ex-Yougoslavie, se
sont engagés, faisant fi des décisions prises par les politiques,
à vivre ensemble dans “la liberté, la justice et le
bien-être pour tous”. Kruhonja est prédisente du centre pour
la paix, la non-violence et les droits humains d’Osijek en Slavonie
orientale. Cette région a été conquise en 1991 par les
Serbes et est revenue en janvier, après deux ans d’administration
par l’ONU, sous domination croate. Le centre s’engage entre autres
pour les réfugiés et ceux qui essaient de revenir au pays ainsi
que pour les droits des objecteurs de conscience.
Hannes
Gamillscheg / Frankfurter Rundschau / 7.10.1998
Trad:
Jacqueline Lépeix
NdlR:
Katharina Kruhonia a participé au séminaire organisé par
Church and Peace à Pecel, Hongrie en 1995.
Transmission
du Centre de Liaison des Services pour la Paix à Church and Peace
Christian
Hohmann
Le
travail du Centre de Liaison des Services chrétiens pour la Paix, la
Justice et la Sauvegarde de la Création, dont Gordon Matthews
était le secrétaire a été transmis à Eglise
et Paix le 19 janvier 1999. La tâche initiale du Centre de Liaison - la
publicaiton d‘un répertoire des Services chrétiens pour la
Paix - était terminée dès 1995. Le secrétariat
international d‘Eglise et Paix est désormais chargé de
l‘actualisation régulière de ce répertoire qui sera
assurée par Terri Miller. On peut obtenir ce répertoire plein de
renseignements et d‘adresses utiles auprès du secrétariat
international pour la somme de 15 DM plus les frais d‘envoi.
Ce
transfert du Centre de Liaison est devenu une nécessité pour des
raisons financières et montre le désir de poursuivre le travail
à moindres frais. Jusqu‘à présent, ce travail
était accompli sous l‘égide d‘ Eglise et Paix, Pax
Christi, IFOR et le groupe de travail européen des Fransiscains
consacré au processus conciliaire. Cette coopération sera
maintenue dans l‘avenir sous la forme d‘un conseil
d‘accompagnement.
Trad
: M-NvdR
Témoignage
pour la paix poarmi les mennonites européns: perspectives
Maarten
van der Werf
Le
Comité mennonite européen pour la Paix (EMFK) a tenu sa rencontre
annuelle du 30 octobre au 1er novembre 1998 à Heerlen, aux Pays-Bas,
dans les locaux de l‘assemblée mennonite. 14
délégués venus de Suisse, d‘Allemagne et des
Pays-Bas y représentaient les comités de paix nationaux. Terri
Miller représentait Church & Peace qui est depuis longtemps en
contact avec le comité EMFK.
La
structure de l‘organisation fut évaluée et discutée
en profondeur discussion qui aboutit à l‘élection
d‘Annelies Klinefelter, membre de Church & Peace, à la
présidence du comité. D‘autres sujets furent
abordés: soutien et promotion du réseau mennonite international
pour la paix et la justice (au nom de la Conférence Mennonite Mondiale),
tendances observées dans le développement des possibilités
d‘engagement pour la paix à court terme (6 mois à un an),
collaboration dans le cadre des formations à la gestion des conflits.
Les besoins et les possibilités d‘intervention dans les
églises en cas de conflits furent également mentionnés. On
entama aussi un début de réflexion en vue d‘une
contribution à la prochaine Conférence Menonite Européenne
qui aura lieu en l‘an 2000. Le dimanche matin, un culte sur le
thème “aimez vos ennemis“ donna l‘occasion de
rèfléchir à ce commandement de Jésus que nous
avons tant de mal à mettre en pratique.
Trad
: M-NvdR
Plus
haut que la raison (Philippiens, 4,7)
Vision
et quotidien de l’Eglise de paix
Tel
était le thème de la rencontre régionale germanophone de
Church & Peace qui a eu lieu du 2 au 4 octobre 1998 au Thomashof
près de Karlsruhe, en liaison avec la session d’automne du
comité de paix mennonite allemand (DMFK).
Les
trois conférenciers étaient Cor Keijzer (pasteur
évangélique-réformé d’Enschede, aux
Pays-Bas), Herbert Froehlich (prêtre catholique de Heildelberg) et
Marie-Noëlle von der Recke (théologienne mennonite de Laufdorf et
présidente de Church & Peace). Après les trois
conférences il y a eu des groupes d’échanges sur
différentes thèmes, par exemple “vivre en
communauté”, “partager”, “prendre des
décisions - résolution nonviolente des conflits-”, ayant
pour toile de fond aussi bien les expériences de vie communautaire que
le quotidien d’une paroisse.
Après
une soirée récréative, le pasteur ChristianHohmann a
prêché le dimanche matin dans un culte commun avec les paroissiens
et paroissiennes mennonites de Karlsruhe, sur Actes 2, 42-47. Christian
Hohmann a caractérisé la communauté ou l’Eglise -
sur le plan local aussi bien que sur le plan mondial - comme un réseau
de relations de gens très différentes qui se savent
engagés sur le chemin de Jésus, et vivent l’unité
demandée par le Christ dans toute leur diversité, une
unité qui se concrétise non seulement par le partage d’une
foi commune, mais aussi par le partage de biens materiels.
D’une
table ronde pour planifier l’avenir le travail de la région
germanophone de Church & Peace s’est dégagé en
priorité le souci de la paix sociale. Un comité d’animation
été formé pour la région germanophone,
composé pour l’instant de 6 personnes. Les personnes
interessées par un collaboration à ce comité, surtout
venant de l’Eglise catholique, sont les bienvenues, et voudront bien
s’adresser au secrétariat international de Church & Peace.
Un
autre résultat de cette rencontre a été le 19 novembre un
entretien des collaborateurs du bureau du DMFK avec Christian Hohmann sur une
coopération plus étroite, aussi bien sur le fond que la
structure, en tant qu’Eglise de paix, entre DMFK et Church & Peace.
Birgit
Dobrinski
La
violence dans les villes : un défi pour les Eglises ?
Rencontre
régionale francophone
La
rencontre régionale francophone d'Eglise et Paix a eu lieu du 18 au 20
septembre 1998, près de Lyon en France. Le Centre Alain de Boismenu, qui
nous accueillait, est membre d'Eglise et Paix. C'est une communauté
catholique de prêtres et de laïcs. Le thème du week-end
était "La violence dans les villes : un défi pour les Eglises ?"
Environ 40 personnes ont participé à ce week-end qui se voulait
en lien avec la campagne "Paix dans la ville" du Conseil Oecuménique des
Eglises, Programme pour vaincre la violence (PVV). La rencontre était
organisée par Eglise et Paix, conjointement avec le Mouvement
International de la Réconciliation (M.I.R.) français et de la
section lyonnaise de Pax Christi.
Notre
orateur, Frédéric de Coninck, un sociologue mennonite de la
région parisienne, a commencé par une analyse des
évolutions sociologiques des 50 dernières années et leurs
relations avec l'augmentation de la violence urbaine. Il a tout d'abord fait
remarqué la diminution marquante de la proportion de population agricole
depuis la deuxième guerre mondiale jusqu'à la fin des
années 60. Il a montré comment la criminalité et le
chômage ont augmenté parallèlement entre 1953 et 1993.
Selon Frédéric de Coninck, les deux explications politiques
suivantes contiennent une part de vérité. L'interprétation
"de gauche" met en relation le manque d'emploi avec la hausse de la
criminalité, celle "de droite" incrimine l'affaiblissement des liens
familiaux ou communautaires comme facteur d'augmentation de la violence.
Frédéric de Coninck a aussi mis l'accent sur les
différences entre la vie rurale, avec ses liens solides, parfois aussi
oppressifs, et la vie urbaine, où il y a davantage d'individualisme, et
beaucoup moins de contrôle sur le comportement des personnes.
Entre
les sessions principales, des membres de différentes communautés
chrétiennes travaillant pour la paix dans des zones urbaines ont
partagé leurs expériences. Patrick et Rolande Pailleux de Lille
nous ont parlé de la difficulté "de vivre l'évangile dans
un monde où il n'est pas bien accepté". Ils essaient d'être
des "ponts" pour permettre à des personnes de se connaître et de
découvrir la culture et la manière de vivre de l'autre.
Maria-Jose Hervas d'ACCOREMA à Burgos en Espagne a décrit sa
communauté : depuis 20 ans, celle-ci s'occupe de marginaux (alcooliques
et drogués), de personnes atteintes du sida et de prisonniers
récemment libérés. Alain Cleyssac a parlé du
développement de la médiation dans les écoles grâce
à des "médiateurs en culottes courtes."
Dans
sa dernière intervention, Frédéric de Coninck a
posé la question du rôle des chrétiens et des Eglises face
à la violence urbaine. Pour lui, il n'y a pas de solution facile et
rapide. "Dieu est plus patient que nous", a-t-il dit. Cependant, il est
important d'interpeller les pouvoirs publics. Il nous a aussi invité
à réfléchir à notre conception de la
communauté chrétienne. Il nous a dit que Jésus proposait
un lien différent des structures de parenté qui enserraient
l'individu dans les sociétés antiques, un lien égalitaire,
un lien de fraternité. La mission de l'Eglise est de créer des
liens forts et égalitaires entre des personnes qui n'ont apparemment
rien en commun.
La
rencontre s'est terminée par une célébration
oecuménique. Doris Reymond, ancienne coordinatrice de la région
francophone, a prêché sur le texte de l'Evangile de Jean (14,27) :
"Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix". Elle a proclamé la
présence et la puissance de Dieu, soulignant l'importance de travailler
pour la paix et la vérité dans le monde.
Anne
Marshall
Traduction
: Ruth Wenger Sommer
RENCONTRE
DU DEPARTEMENT DE RECHERCHES COMMUNAUTAIRES
Gagnières 1999
Comme
chaque année, Caulmont était représenté à la
rencontre du Département de Recherches Communautaires où une
vingtaine de communautés, communions ou fraternités se
rassemblent dans un lieu différent pour un grand partage.
Nous
étions réunis cette année du 4 au 7 mars dans un petit
village des Cévennes, au Centre Chrétien de Gagnières. Ce
lieu d'accueil se consacre depuis une trentaine d'années au travail de
rapprochement entre des chrétiens par des sessions, des rencontres, une
prière, et un engagement sur les chemins de l'unité avec en
corollaire une passion pour le peuple juif.
C'est
la joie des retrouvailles, des amitiés. Depuis 25 ans, les liens se
tissent et se renforcent. Nous faisons partie d'une grande famille qui portent
l'histoire de nos partages, de notre cheminement, de nos hauts et de nos bas,
de notre prière. Une famille où nous nous découvrons
beaucoup de points communs, une sensibilité proche et la perception
d'une vocation dans une même mouvance au sein du peuple de Dieu. Pourtant
nous sommes très différents : communautés monastiques ou
communautés de familles, communions ou fraternités, protestantes,
évangéliques, ou oecuméniques. Ces différences
pourraient être explosives si nous ne vivions ensemble la priorité
de ce qui nous rassemble : la dimension communautaire nourrie de la
prière et de l'accueil, pour l'église et le monde d'aujourd'hui.
Voici
un très court extrait de l’exposé de Frère Guido de
la Communauté de Bose (Italie), sur le thème de notre rencontre :
“
les
raisons d'être de nos communautés et les signes que nous pouvons
être dans l'Eglise et dans le monde”.
Les
raisons de notre entrée dans la communauté et les raisons de
chaque communauté pour naître sont suffisantes pour commencer mais
pas pour continuer. Il faut ensuite s'adapter et notre fidélité
doit rester dynamique sinon elle se fige. La communauté n'épuise
pas tout l'évangile et elle doit en vérifier la globalité
dans l'Eglise. L'Eglise institutionnelle est responsable des communautés.
Il
est important que l'Eglise entende et suive la direction prophétique des
communautés.
Il
est important de veiller à l'authenticité de ce que l'on vit, de
rechercher si ce que l'on vit aujourd'hui a une raison d'être vis
à vis de l'évangile et du Christ et ne jamais nous confier
à un héritage que l'on a reçu.
Nos
communautés sont fondées sur les pauvres et les plus faibles de
la communauté, ceux qui sont capables de laisser le Christ transformer
la faiblesse en puissance de Dieu. Souvent on a, et on, donne l'impression que
nos communautés sont fondées et gérées par les
forts, par ceux qui ont plus de charismes, en réalité nos
communautés sont fondées sur ceux qui se font les serviteurs de
tous qui se mettent à l'avant-dernière place. A la
dernière place il y a le Christ.
Myriam
Kornig, Caulmont
Nouvelles
du bureau international
Christian
Hohmann
Notre
équipe est renforcée pour une année depuis le mois de
janvier. Ceci nous permet une meilleure répartition des tâches
à accomplir.
Blaise
Amstutz, bénévole mennonite suisse, travaille avec nous dix
heures par semaines; il est responsable de la comptabilité,
exécute de nombreuses tâches pratiques et va réorganiser la
gestion des archives. Birgit Dobrinski travaille à mi-temps et est la
personne de contact pour la région germanophone - elle est entre autres
responsable de la rédaction de la version allemande du bulletin
“Eglise et Paix“. Terri Miller est employée à temps
plein et est la personne de contact pour les régions anglopohne,
francohone et pour l‘Europe de l‘Est. Elle est responsable de la
rédaction du bulletin en anglais et en français et de la
coordination logistique des conférences internationales. Christian
Hohmann est responsable des contacts avec le Conseil d‘Administration et
les organisations amies, des questions touchant au personnel, aux finances et
à la collecte de fonds, il coordonne le travail de fond de Church &
Peace et représente l‘organisation vers l‘extérieur.
Le courrier et le travail de publication sont portés par toute
l‘équipe.
L‘équipe
du bureau international travail en contact constant et en collaboration avec
les bureaux régionaux.
Trad
: M-NvdR
Dóra
Vaik - Coordinatrice pour l’Europe de l’Est
Je
m’appelle Dóra Vaik. Je suis née le 26 juillet 1970.
J’ai fait des études de langue, histoire et culture germaniques et
de français. Je suis professeur d’allemand et
traductrice-interprète. J’ai grandi dans un petit village,
Visegrad, où vivent toujours ma mère et ma sœur. Je suis
célibataire, et pour le moment, j’habite et je travaille à
Budapest.
Je
suis de confession catholique romaine. J’ai été longtemps
active dans ma paroisse : j’ai fait de l’enseignement religieux aux
enfants et aux jeunes et j’ai organisé des spectacles de Noël
et des camps d’été. Depuis que je vis à Budapest, il
ne m’est plus guère possible de prendre part à la vie de ma
paroisse.
J’ai
fait connaissance de Church & Peace par des amis membres du
“Mouvement Bokor”. Comme je me retrouve tout à fait dans les
objectifs et les principes de Church & Peace, j’ai été
très heureuse lorsque Gyula Simonyi m’a proposé de
travailler pour Church & Peace en Hongrie.
En
travaillant à mi-temps pour Church & Peace, je serai à
l’avenir responsable pour les tâches suivantes : travail de
traduction (publication trimestrielle, dépliants), recherche de nouveaux
groupes de membres et de collaborateurs/trices en Hongrie et dans
d’autres pays de l’Europe de l’Est, contacts avec les
églises, les médias et le public en général.
J’éspère, avec mes capacités et ma connaissance des
langues, pouvoir faire du bon travail.
Trad:
Louise Nussbaumer
David
Fulep
Je
suis né en 1975 dans une famille chrétienne. Je suis le
deuxième enfant d'une famille nombreuse : j'ai six frères et
sœurs. J'ai des attaches familiales solides et j'habite avec mes parents.
L'année passée, j'ai terminé ma formation
d'ingénieur en technologies de l'information à
l'université de Miskolc en Hongrie. Après avoir passé
cette étape avec succès, j'ai entrepris récemment un
doctorat en système de réseaux d’ordinateurs. Toute ma
famille est contre l'usage de la violence, c'est pourquoi mon frère
aîné et moi avons choisi de faire un service alternatif au lieu du
service militaire.
J'ai
fait la connaissance d'Eglise et Paix en 1997, lors du deuxième
Rassemblement Oecuménique Européen à Graz en Autriche.
Depuis, une année et demie s'est écoulée et j'ai eu le
temps d'en savoir un peu plus sur les buts et les activités du
réseau.
Au
sein de la région de l'Europe de l'Est, j'ai la responsabilité du
site internet, de la version russe et hongroise du bulletin d'Eglise et Paix
(mise en page, coordination des traductions, envoi, mise à jour des
fichiers, impression) et je travaille avec Dora.
David
Fulep
Traduction
: Ruth Wenger Sommer
Laufdorf,
tel est le nom de ce village où j’ai “attérit”
le dimanche 10 janvier 1999, en provenance de Suisse, plus spécialement
de La Chaux-de-Fonds.
Désirant
parfaire mes connaissances dans la langue de Goethe, j’ai pris contact
avec Marie-No”elle Von der Recke (présidente de Church and Peace),
pour savoir s’il était possible de m’héberger au
Laurentiuskonvent, pour une durée d’une année.
Trouvant
facilement un accord, je me suis mis au travail dès mon arrivée.
En effet, 1/3 de mon temps sera consacré à 2 petits enfants de 5
et 21 mois (promenades, jeux... et pampers). Le deuxième tiers, je le
passerai au Laurentiuskonvent, pour aider à la cuisine au nettoyage...,
lors des séminaires.
Quant
à mon dernier tiers, je la passerai à Church & Peace. Je
m’occuperai de la comptabilité pour cette année, de la
restructuration de leur bibliothèque sur ordinateur... et au collage des
timbres et étiquettes sur les enveloppes que vous recevrez.
Sinon,
je prends également des cours d’allemand à raison de deux
soirs par semaine et vais m’intéger prochainement dans une
église et un club sportif pour “parfaire”mon
intégration, ici, en Allemagne.
Blaise
Amstutz / 21 ans
Pierrot
Bovy, le mari de Marie-Pierre, de la communauté de l’Arche, est
mort le 21 janvier 1999 à Dijon (France). L’enterrement a eu lieu
à Mazille (Bourgogne) le 23 janvier.
Jean-Baptiste
Libouban a rendu hommage à Pierrot et à son engagement pour la
paix : “Nous nous souvenons de Pierrot paysan, de Pierrot artisan, de
Pierrot jeûnant au centre nucléaire à Creys-Malville,
donnant de son temps pour la défense des droits de l’homme et de
la vie, allant jusqu’à Tahiti pour protester contre les essais
nucléaires français, contre la mort. Nous nous souvenons de
Pierrot dans la fondation et la continuité de Bonnecombe
jusqu’à son terme. Nous nous souvenons de Pierrot cherchant
intensément la vérité de l’être dans ses
dernières années, avec le soutien des sœurs du Carmel, de
ses amis de Mazille et de Démocratie et Spiritualité, des
Réseaux Espérances et de bien d’autres. Nous nous souvenons
de son sourire, de son plaisir de vivre, de son goût pour la
beauté, le chant et la musique.”
Pierrot
fut membre d’I.F.O.R., de collectif “Stop Essais” et
d’Abolition 2000. Condoléances à : Marie-Pierre Bovy,
Maison Jean Monnet, F-71250 Mazille.
Paul
Champagnol nous a quitté le 1er mars à 88 ans.Paul a
été pendant plusieurs années le représentant des
quakers français auprès de Church & Peace. Ami quaker de
longue date, il a toujours milité pour les causes de la paix et le
bonheur pour tous.
Les
dernières années, il était responsable du Groupe de
Prières d’Intercession Oecuménique et de Soutien pour les
Malades. Mais c’est au sein de sa petite ville qu’il a
été le plus actif. Et je cite une jeune voisine: “Personne
n’a été plus proche des gens, plus disponible, plus ouvert
aux autres, aux plus malheureux que lui. Il restera un exemple pour nous
puisque son modèle était Jésus et qu’il l’a
suivi toute sa vie”.
Pour
nous reste le vide, mais aussi la reconnaissance pour sa vie exemplaire remplie
d’amour et d’action.
Pour
les quakers de France, Christine Abt
Cahiers
de la Réconciliation
Si
l’actualité vous intéresse, les luttes pour la paix vous
interpellent, l’évangile ne vous laisse pas indifférent, la
non-violence vous concerne...abonnez-vous aux
Cahiers
de la Réconciliation
du Mouvement international de la Réconciliation, branche
française! Offre spéciale: 100FF pour 4 numéros annuels
(au lieu de 145FF).
Cahiers
de la Réconciliation
,
68 rue de Babylone, F-75007 Paris, Tél/fax: +33 1 47 53 84 05. (M.I.R.)
Réseau
anabaptiste pour la paix
Le
Réseau anabaptiste pour la paix et la justice possède maintenant
son site sur internet. Vous y trouverez des sujets de prière et des
informations sur le travail des mennonites et des Eglises de frères du
monde entier dans les domaines de la paix et de la justice. Les
créateurs de ce site espèrent conscientiser et encourager
d'autres personnes à soutenir les efforts de ces Eglises et
organisations. (pour l’instant tous les textes sont en anglais)
http://www.mwc-cmm.org
(rws) |